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François Houde

Le Nouvelliste

Photo : Olivier Magnan

Transfiguration, l’expérience hors normes de Valérie Milot et Stéphane Tétreault

Ce samedi 12 novembre, les mélomanes auront l’opportunité de vivre une expérience musicale qui, tout en sortant des cadres habituels de la musique classique, permettra d’en apprécier toute la richesse. Cette expérience porte le titre de Transfiguration et on la doit à la harpiste trifluvienne Valérie Milot et à son complice de longue date, le violoncelliste Stéphane Tétreault.

À l’affût des innovations tout en nourrissant leur constante réflexion sur le sens de leur vocation artistique, ils ont conçu un spectacle qu’on peut qualifier de total en accompagnant le répertoire musical pour harpe et violoncelle d’images projetées sur cinq écrans disposés sur la scène comme l’écrin qui met en valeur le bijou.

Images et musique comme deux amis qui cheminent, main dans la main.

Côté musique, le choix des fougueux musiciens s’est porté sur une majorité de pièces originales de compositeurs canadiens. De la musique contemporaine qui ne doit surtout pas effrayer les spectateurs puisque ce serait là précisément l’inverse de ce que proposent les concepteurs.

Deux dérogations au concept du répertoire : Le Cygne tiré du Carnaval des animaux de Saint-Saëns ainsi que le rappel, concession faite à l’amour inconditionnel de la harpiste pour le répertoire de rock progressif, avec la transcription par François Vallières de Cogs in Cogs, du groupe britannique Gentle Giant.

Laissons Valérie Milot décrire Transfiguration : «On peut parler d’une expérience totale, ou presque, en ce sens que c’est autant visuel qu’auditif. L’idée étant d’accompagner l’auditeur dans ce qu’il va entendre et d’inclure dans le visuel une trame narrative.

« Pourtant, j’ai toujours en tête le fait que les gens peuvent superposer à ce qu’on leur propose leur propre trame narrative pour enrichir la proposition. »

Ce sont les deux musiciens qui ont conçu la mise en scène qui ne se limite d’ailleurs pas aux images projetées, mais propose aussi une évolution physique dans l’espace par le déplacement des interprètes qui s’inscrit dans une vision narrative globale.

« Tout cela est brodé autour de l’évolution de l’amitié qui nous lie, Stéphane et moi, explique Valérie Milot. Nous-mêmes, nous évoluons sur la scène en se rapprochant de plus en plus l’un de l’autre jusqu’à se transfigurer, en quelque sorte.

« L’idée générale demeure notre volonté de démocratiser la musique classique. On accompagne les auditeurs pour qu’ils ne se sentent pas intimidés ou complexés en abordant un tel concert. On les prend en charge en les invitant simplement à se laisser porter par l’expérience qu’on leur propose. »

Le répertoire est un amalgame de pièces indépendantes les unes des autres comme autant de perles qui font un collier. «Chaque œuvre a son charme, son caractère. Ce qui les lie, c’est peut-être leur haut niveau de difficulté dans l’interprétation; c’est de la haute voltige.

« La musique demeure cependant très accessible pour les spectateurs et la succession est conçue pour conserver à ce spectacle très vivant un intérêt constant. Il n’y a pas de temps mort. »

On pourra ainsi entendre des œuvres d’Alexandre Grogg, de François Vallières, de Caroline Lizotte, de Kelly-Ann Murphy et Marjan Mozetich.

Malgré la complexité de la mise en scène, les deux musiciens demeurent maîtres de leur interprétation nourrie au creuset d’une profonde complicité. « J’avais expérimenté le jeu avec des trames sonores pour mon spectacle Orbis et c’était passablement plus contraignant. Ici, on s’est offert davantage de souplesse : on ne veut pas être des robots.

« C’est vrai qu’on a le petit défi de jouer avec des oreillettes parce que pour deux pièces, on retrouve de la batterie. On doit donc assurer l’arrimage, mais on voulait se garder de la souplesse dans l’interprétation. On a aussi recours à une amplification des instruments, mais c’est fait avec un grand souci de conserver un son naturel.»

Pour ce qui est de la complicité, elle demeure un ingrédient essentiel de Transfiguration. « Je n’aurais pas abordé un tel défi sans pouvoir compter sur un ami comme Stéphane, avoue la harpiste. Même que quand on a commencé à discuter du spectacle, avant même la pandémie, je ne me sentais pas prête à me lancer là-dedans.

« J’ai rapidement compris qu’avec lui comme partenaire, ça irait bien parce que nous partageons une même vision de notre travail. Il est très rare que nous ne soyons pas d’accord dans nos choix artistiques.

« Comprenez que nous ne sommes pas qu’interprètes, mais que nous sommes impliqués au même titre dans tout, de la conception jusqu’à la mise en scène et même au niveau administratif de tout ça. »

Le concept d’incorporer un support visuel ainsi qu’une mise en scène à un concert classique n’est évidemment pas nouveau, mais les deux concepteurs l’ont exploré en profondeur en y incluant notamment un élément plus rare : le téléphone intelligent.

« C’est une proposition qui vise à impliquer le public dans le spectacle. Ainsi, on peur propose de suivre le spectacle sur leur téléphone qui leur offrira non seulement le programme, mais aussi des éléments supplémentaires, chronométrés avec la musique dans certains cas, pour offrir un supplément à leur expérience.

« Ça répond aussi à notre préoccupation environnementale : ça évite d’imprimer des programmes qu’il serait, de toute façon, difficile de consulter dans l’obscurité de la salle dont nous avons besoin pour les projections. »

Tout cela s’inscrit dans une envie constante de rendre plus accessible la musique classique, de l’offrir au public comme le cadeau qu’elle peut être. « On veut tellement que les gens comprennent notre approche et vivent cette expérience avec nous. C’est pourquoi on travaille à la rendre la plus accessible possible tout en demeurant respectueux de la richesse de la musique que nous interprétons. »

Cet événement hors norme qui, pour l’OSTR, tient lieu de concert du mois novembre, sera présenté le samedi 12 novembre à 20h. Les billets sont en vente sur le site de l’OSTR ainsi que via la billetterie de la salle Thompson.